Origine et histoire de la Collégiale Saint-Agricol
La Collégiale Saint-Agricol d'Avignon, située dans le centre historique d'Avignon (Vaucluse), est un édifice religieux d'origine ancienne classé au titre des monuments historiques en 1980. La tradition attribue sa fondation à saint Agricol, évêque d'Avignon vers 660-700, et des fouilles ont mis au jour des sépultures paléochrétiennes (fin IVe–début Ve) et des structures antiques attestant la présence d'un premier lieu de culte. Après avoir été ravagée par les Sarrasins, l'église fut relevée au Xe siècle par l'évêque Foulques II qui l'érigea en prieuré. En 1321 le pape Jean XXII l'éleva au rang de collégiale et finança une partie des travaux d'agrandissement. Aux XVe siècle la nef fut allongée, la chapelle de l'Aumône de la Petite Fusterie (datant de 1391) fut annexée, et la façade, le parvis et l'escalier monumental furent édifiés; l'édifice est contrebuté par des arcs-boutants, pratique rare dans la région, et seule l'abside est épaulée de contreforts. Après la Révolution française la collégiale fut restaurée en 1802 par l'évêque, qui la consacra cathédrale en attendant la réhabilitation de la cathédrale Notre-Dame des Doms.
L'édifice actuel, de style gothique, présente une façade réalisée conjointement par Antoine Colin de Lyon, Didier Millot de Toul et Antoine Carteron de Bourges; le tympan polychrome au-dessus du portail est l'œuvre du sculpteur lorrain Ferrier Bernard (1488–1489) et l'archange, endommagé, fut remplacé par Bezert à la fin du XIXe siècle. Le clocher, tour de plan carré, a été commencé en 1537 puis rehaussé de deux étages entre 1737 et 1746 par l'architecte avignonnais Joseph‑Abel Mottard; il a été restauré en 2012 et 2013, et la façade ainsi que la toiture ont fait l'objet d'une restauration en 2017.
Les nefs latérales sont bordées d'est en ouest par dix chapelles, six au nord et quatre au sud, présentant un riche ensemble de décors et de monuments funéraires. Côté nord se succèdent la chapelle des fonts baptismaux (anciennement Sainte‑Apollonie), édifiée lors de l'agrandissement du XVe siècle, qui contient la dépouille de Jean de Chabert de Barbentane et un baptistère en marbre aux armes de saint Agricol réalisé par Mariotty en 1841; la chapelle Saint‑Michel, qui conserve un archange peint par Philippe Sauvan au XVIIIe siècle d'après Guido Reni; la chapelle Sainte‑Barbe, siège en 1650 de la confrérie des marguilliers dite œuvre du Saint‑Sacrement et abritant un tableau du XVIIe siècle; la chapelle Saint‑Joseph, dont la tradition attribue la fondation au pape Grégoire XI; la chapelle du Purgatoire, dédiée à Notre‑Dame de Lorette puis concédée à Pompée Catelina, dont le tombeau est l'œuvre de Simone Bartolacci (1615); et la chapelle des "Pauvres Femmes", construite en 1547 par la famille Grilhet, contenant les sépultures des Grilhet et des Pérussis, lieu de reconstitution de la congrégation en 1803 et dotée d'un autel de marbre exécuté par Jean‑Baptiste II Péru provenant du couvent Sainte‑Catherine. Côté sud, la chapelle Sainte‑Anne, construite en 1851 et meublée dans un esprit néogothique, accueille des toiles plus anciennes telles qu'un Salus Populi Romani, une Sainte Famille de Francesco Trevisiani et une représentation de saint Joseph; la chapelle de la Vierge dite de Brantes, édifiée entre 1703 et 1707 par Jean Péru pour Pierre II de Bianco, abrite deux tombeaux de la famille de Brantes et trois statues remarquables, dont une Vierge à l'Enfant d'Antoine Coysevox; la chapelle du Saint‑Crucifix, d'abord appelée Notre‑Dame de Pitié puis Saint‑Lazare après le transfert du calvaire de l'église Sainte‑Madeleine, présente une Pietà de Nicolas Mignard sur son mur gauche; enfin la chapelle Saint‑Agricol occupe une travée de la chapelle de l'Aumône et contient une statue du XVe siècle et un tableau de Minoli daté de 1815 représentant le saint.
Le chœur reçoit un maître‑autel baroque sculpté par Jean‑Baptiste II Péru en 1767, qui renferme dans une caisse de plomb les reliques de saint Magne et de saint Agricol. Sur les murs de l'abside se distinguent une Assomption sur bois de Simon de Châlons (1539), une Pentecôte de Guillaume‑Ernest Grève (1620) et une Adoration des Bergers de Nicolas Mignard (vers 1650). Le mobilier comprend également le monument funéraire des Doni réalisé en 1525 par Imbert Boachon pour Pierre de Doni, ainsi qu'un retable architecturé dit de l'Ave Maria, œuvre de la Renaissance commandée en 1525 par Paul de Doni à Imbert Boachon, dont l'Annonciation et les Anges musiciens témoignent de la virtuosité malgré des mutilations.
La collégiale possédait un orgue dès le XVe siècle; l'instrument actuel, classé aux Monuments historiques, a été construit en 1862 par Charles Spackmann Barker et Verschneider, présente un buffet néogothique à trois tourelles et a été relevé en 2016‑2017 à l'initiative de la Ville d'Avignon. Au revers de la façade, côté sud, une épitaphe avec médaillon rappelle l'architecte Pierre II Mignard, décédé en 1725. Le clocher, résultat de plusieurs campagnes aux XVIe et XVIIIe siècles, est équipé de quatre cloches de volée : le bourdon et deux cloches fondues par Monet (fondeur à Lyon) accordées respectivement en Do3, Ré#3 et Sol3, et une quatrième cloche fondue en 1822 accordée en Do#4.